Et il arriva, la huitième année du règne des juges, que le peuple de l’Église commença à devenir orgueilleux à cause de son extrême richesse, et de ses fines soieries, et de son fin lin retors, et à cause de ses nombreux troupeaux de gros et de petit bétail, et de son or et de son argent, et de toutes sortes de choses précieuses qu’il avait obtenues par son industrie ; et dans toutes ces choses il fut enflé dans l’orgueil de ses yeux, car il commença à porter des habits très somptueux.
Or, c’était là une cause de grande affliction pour Alma, oui, et pour beaucoup parmi le peuple qu’Alma avait consacrés pour être instructeurs, et prêtres, et anciens de l’Église ; oui, beaucoup d’entre eux furent profondément peinés de la méchanceté qui, ils le voyaient, avait commencé à exister parmi leur peuple.
Car ils voyaient et observaient avec une grande tristesse que ceux du peuple de l’Église commençaient à être enflés dans l’orgueil de leurs yeux, et à mettre leur cœur dans les richesses et dans les choses vaines du monde, et qu’ils commençaient à être dédaigneux les uns envers les autres, et qu’ils commençaient à persécuter ceux qui ne croyaient pas selon leur bon plaisir.
Et ainsi, cette huitième année du règne des juges, il commença à y avoir de grandes querelles parmi le peuple de l’Église ; oui, il y eut de l’envie, et de la discorde, et de la malice, et des persécutions, et de l’orgueil, au point même de dépasser l’orgueil de ceux qui n’appartenaient pas à l’Église de Dieu. Et ainsi finit la huitième année du règne des juges ; et la méchanceté de l’Église était une grande pierre d’achoppement pour ceux qui n’appartenaient pas à l’Église ; et ainsi, l’Église commença à fléchir dans ses progrès.
Et il arriva, au commencement de la neuvième année, qu’Alma vit la méchanceté de l’Église, et il vit aussi que l’exemple de l’Église commençait à entraîner ceux qui étaient incrédules d’une iniquité à une autre, provoquant ainsi la destruction du peuple.
Oui, il vit une grande inégalité parmi le peuple, les uns s’exaltant dans leur orgueil, méprisant les autres, tournant le dos aux nécessiteux, et aux nus, et à ceux qui avaient faim, et à ceux qui avaient soif, et à ceux qui étaient malades et affligés.
Or, c’était une grande cause de lamentations parmi le peuple, tandis que d’autres s’humiliaient, secourant ceux qui avaient besoin de leur secours, donnant de leurs biens aux pauvres et aux nécessiteux, nourrissant les affamés, et souffrant toutes sortes d’afflictions pour l’amour du Christ qui allait venir, selon l’esprit de prophétie ; attendant ce jour-là, conservant ainsi le pardon de leurs péchés, étant remplis d’une grande joie à cause de la résurrection des morts, selon la volonté, et le pouvoir de Jésus-Christ, et sa délivrance des liens de la mort.
Et alors, il arriva qu’Alma, ayant vu les afflictions des humbles disciples de Dieu, et les persécutions dont les accablait le reste de son peuple, et voyant toute leur inégalité, commença à être très attristé ; néanmoins, l’Esprit du Seigneur ne l’abandonna pas.
Et il choisit un homme sage, qui était parmi les anciens de l’Église, et lui donna du pouvoir, selon la voix du peuple, pour qu’il eût le pouvoir de décréter des lois, selon les lois qui avaient été données, et de les mettre en vigueur, selon la méchanceté et les crimes du peuple. Or, le nom de cet homme était Néphihah, et il fut désigné comme grand juge et s’ assit sur le siège du jugement pour juger et pour gouverner le peuple.
Or, Alma ne lui accorda pas l’office de grand prêtre de l’Église, mais il conserva l’office de grand prêtre pour lui-même ; mais il remit le siège du jugement à Néphihah.
Et cela, il le fit afin de pouvoir aller lui-même parmi son peuple, ou parmi le peuple de Néphi, afin de lui prêcher la parole de Dieu, pour l’inciter à se souvenir de son devoir, et afin d’abattre, par la parole de Dieu, tout l’orgueil et la fourberie, et toutes les querelles qui étaient parmi son peuple, ne voyant aucun autre moyen de le ramener qu’en lui opposant un témoignage pur.
Et ainsi, au commencement de la neuvième année du règne des juges sur le peuple de Néphi, Alma remit le siège du jugement à Néphihah, et se limita entièrement à la haute prêtrise du saint ordre de Dieu, au témoignage de la parole, selon l’esprit de révélation et de prophétie.